SURFACE, subst. fém.
A. — 1. Partie extérieure d'un corps, d'un objet, qui circonscrit le volume occupé par celui-ci. Surface du globe terrestre, de la lune; surface d'un meuble, d'une statue; surface d'un organe, d'un os, du corps humain. La mousse et le salpêtre des mers rongeaient la surface du bronze antique (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 264). Plus un être est petit, plus le rapport surface-volume (ou poids) est grand (J.-M. PÉRÈS, Vie océan, 1966, p. 27).
2. En partic.
a) Face apparente, extérieure ou supérieure, partie visible d'un corps, d'une chose; face limitant un solide. Surface brillante, raboteuse, unie; surface glacée d'une photographie; surface froide du marbre; papier à surface grossière; surface d'une plaie; peindre la surface intérieure et extérieure d'un coffre. Il eut beau promener sa torche sur toute la surface extérieure de la grotte, il ne vit rien (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 415). La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne: comme si l'on avait à sa disposition les Alpes (...) ou la Cordillière des Andes (PONGE, Parti pris, 1942, p. 23).
b) Étendue constituant la limite supérieure d'une masse. Rochers visibles à la surface du sol; surface ondulée d'une dune; surface des eaux, de la mer. Un fourré d'un vert froid (...) légèrement hérissé comme la surface barbue d'un champ d'épis (FROMENTIN, Été Sahara, 1857, p. 105). Longues surfaces blondes des coteaux marqués de grandes figures géométriques d'un noir de suie, car ils brûlent ici les chaumes avant de labourer (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 170).
c) Couche apparente et peu profonde. Toutes les espèces de roches s'y rencontrent [dans les Pyrénées] par bancs compacts mêlés ou alternés, mosaïques aux soubassements (...) insoupçonnés dont l'œil n'aperçoit qu'une surface infime (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 175). Les paléontologistes n'ont exploré qu'une surface infime de la croûte terrestre (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 163).
d) Absol. Sol (par opposition au sous-sol, aux régions souterraines). Mineur, spéléologue qui remonte à la surface. Un fleuve qui, après avoir quelque temps caché ses eaux sous la terre, reparaît à la surface (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 328). Tout le bassin minier d'Alsace offre ainsi un paysage (...) de petites agglomérations urbaines trouant la forêt, et composées (...) des installations de surface de la mine et (...) de petites maisons entourées de jardins (Industr. fr. engrais chim., 1956, p. 9).
3. Étendue horizontale qui sépare l'atmosphère d'une nappe d'eau, d'un volume de liquide. Surface de la mer; surface gelée d'un étang; bulles qui éclatent à la surface d'un moût. La solution aqueuse de ce savon ne présente point à sa surface de pellicule grasse (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 652). La pellicule de crème durcie à la surface d'un lait qu'on fait bouillir (VERCORS, Sil. mer, 1942, p. 71).
– Absol. Plongeur qui reparaît à la surface; poissons qui nagent à la surface. De grands chevaines dormaient à la surface attiédie, faisant sur l'eau des taches noires (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 214). Un vigoureux coup de talon me fit remonter à la surface et le patron du bateau-lavoir, qui avait sauté dans son bachot, nous repêcha (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 201).
– Loc. adv. En surface. Au niveau de la surface de l'eau, en émergeant plus ou moins. Nager en surface; sous-marin qui navigue en surface. Le chien (...) et (...) Tobie (...) apparaissent luttant, (...) contre le poisson, tantôt plongeant, tantôt réapparaissant en surface (CLAUDEL, Tobie et Sara, 1940, II, 4, p. 1244).
– Loc. adj. De surface. Qui se tient à la surface de l'eau. L'ablette est un poisson de surface. Les navires de guerre de surface allemands (...) seront immédiatement désarmés (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 313).
– Loc. verb.
• Faire surface. [En parlant d'un sous-marin] Émerger. Grenadé par le croiseur, le sous-marin faisait surface (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 116). [En parlant d'un animé] Remonter à l'air libre pour respirer, après être resté quelque temps sous l'eau. (Dict. XXe s.). Phoque, plongeur faisant surface.
• P. métaph. ou au fig. [En parlant d'une pers.] Faire, refaire surface; remonter, revenir à la surface. (Faire) reprendre conscience (à quelqu'un) après un évanouissement, une anesthésie, un sommeil profond; (faire) reprendre (à quelqu'un) contact avec le réel après un passage à vide, une dépression. Synon. émerger. Au début de la vie, les plus fiers courages ne sont pas exempts d'abattement. Ce coup avait envoyé tout d'abord Lucien au fond de l'eau; mais il frappa du pied et revint à la surface, en se jurant de dominer ce monde (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 105).
Réapparaître en public, faire de nouveau parler de soi, après un temps d'absence, d'oubli. Au temps de la révolution, la famille, ruinée et déchue, avait fait le plongeon dans la mare populaire. Maintenant, elle revenait à la surface (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1312).
[En parlant de choses] Se manifester de nouveau. Tous les instincts (...) sont en vous, quoi que vous fassiez, plus ou moins obscurs, plus ou moins matés, mais ils sont, et ils peuvent remonter brusquement à la surface et bouleverser votre vie! (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 485). Quand les profondeurs obscures de l'âme sont remuées, ce qui monte à la surface et arrive à la conscience y prend, si l'intensité est suffisante, la forme d'une image ou d'une émotion (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 243).
4. a) Étendue délimitée d'une certaine importance et généralement plane. Surface dallée, vitrée. La campagne s'étalait par grandes surfaces d'un vert monotone et froid (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 18). Mon roman avance lentement (...). Je pourrais couvrir une plus grande surface de papier chaque jour, mais alors j'inventerais et d'une certaine façon, je mentirais (GREEN, Journal, 1949, p. 310).
b) Étendue plane délimitée, considérée sous le rapport de sa mesure. Synon. superficie. Calculer la surface d'un rectangle; appartement de 100 m2 de surface; surface de vente d'un magasin; surface bâtie, boisée; manquer de surface. Ce parallélogramme, dont la surface cultivable est au moins de 67 920 lieues quarrées, se trouve sous les plus belles latitudes, depuis le 29e jusqu'au 45e degré (CREVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 69). Si chaque habitant, dans la seule région parisienne, se voyait accorder le droit de construire (...) il faudrait d'ores et déjà « geler » trois fois la surface au sol de l'Ile-de-France (Elle, 5 sept. 1977, p. 35, col. 2).
B. — Au fig.
1. Apparence que présentent les personnes ou les choses. Synon. dehors, extérieur, façade. Ne connaître que la surface des événements. Ce qui me frappe, c'est d'abord le ton général du livre, cette férocité de passion sous une surface bonhomme (FLAUB., Corresp., 1874, p. 142). Goethe est le grand apologiste de l'apparence. Il donne à ce qui passe pour la surface des choses un intérêt et une valeur (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 110).
– Loc. adv. À la surface, en surface. Sans aller au fond des choses, de façon superficielle. Traiter un problème en surface. Il paraissait à la baronne impossible qu'un homme si charmant à la surface pût nourrir contre elle de mauvais desseins (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 236). Leurs esprits si différents en surface avaient entre eux de subtiles ressemblances (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 235).
– Loc. adj. De surface, en surface. Sans réalité profonde, superficiel. Amabilité, amitié, indifférence, rivalité, phénomène de surface. Peut-être qu'il se méfiait de sa nature où il y avait un fond de tendresse, aussi se faisait-il facilement rude et bourru, mais ce n'était que de surface (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 57). J'ai l'air distingué, ça je veux bien, mais chez moi, c'est tout en surface. Faudrait quand même pas me prendre pour une femme du monde (AYMÉ, Cléramb., 1950, I, 7, p. 51).
– Loc. verb. [En parlant d'une pers.]
• Demeurer, rester, s'en tenir à la surface. Ne pas approfondir l'étude d'une question. Pierre (...)s'en tenait à la surface, et (...) il se flattait lui-même en croyant au génie d'un fils qui était son vivant portrait (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 63). À condition (...) qu'on n'aille jamais au fond des problèmes, qu'on reste prudemment à la surface en se contentant d'approximations (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 173).
• Être tout en surface, n'être que surface. Manquer de profondeur, de sérieux, de qualités solides. Vous n'avez pas ce qu'il faut pour rendre service à cet enfant (...) il est trop jeune, trop faible, trop en surface, et vous trop exclusif, et logique, et personnel (MONTHERL., Ville dont prince, 1951, III, 3, p. 912).
2. Surface (sociale). Crédit, garanties morales ou matérielles que peut offrir une personne ou une collectivité. Synon. répondant, solvabilité. Cet argent, d'où le tient-elle? De la fortune fabuleuse de ses maris successifs, choisis bien judicieusement selon un triple critère: le compte en banque, la surface sociale et l'âge (L'Express, 29 mai 1981, p. 65, col. 2):
• Phileas Fogg était membre du Reform-Club (...) il passa sur la recommandation de MM. Baring frères, chez lesquels il avait un crédit ouvert. De là une certaine « surface », due à ce que ses chèques étaient régulièrement payés à vue par le débit de son compte courant invariablement créditeur.
VERNE, Tour monde, 1873, p. 2.
Visage |
Partie visible d'un objet |
Couche externe |
Interface entre deux milieux |
Limite d'une zone |
Objet idéal sans épaisseur et à 2 dimensions |
? Être géométrique à deux dimensions… |
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Différence : 0
Monde 3D | Monde 2D |
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Une équation → une surface | Une équation → une courbe |
“[…] engendré par le déplacement d'une courbe […]”
“[…] Être géométrique à deux dimensions […]”